A beaucoup travaillé pour estre un peu cheri,
Troussoit son vestement, dont la couleur pourprine
Reçoit par les joyaux une splendeur plus digne.
Deux vierges vont suivant l’amoureuse Cypris,
L’une forte à la guerre, & l’autre aiant apris
D’estre crainte aux forests : Pallas tient sur la teste
Le riche armet doré depeind de sa conqueste.
Tyson y est gravé, qui paroist à moitié,
Et mourant & vivant à la teste & au pié.
Ell’ a dedans sa main terrible & menaceante
Un dard hault eslevé, sa robe est ombrageante
Tant seulement les bords du chef Gorgonien.
Mais Trivie se marche avec humble maintien :
En elle on recognoist de son frere la face,
Pareils en sont les yeux, les joües & la grace.
Le sexe empesche seul, qu’il ne luy soit esgal.
Ses bras nus sont luysans plus que n’est le cristal.
Elle va rejettant ses cheveux indociles
A se vouloir mesler, au gré des vens agiles.
Son arc est destendu, ses fleches sur son dos,
Sa robe deux fois ceinte où l’errante Delos
Vogue jusque au genou en sa trame mouvante.
Les costez sont baignez d’une mer ondoiante,
Dont les sablons dorez font la frange du bord.
La race de Ceres qui de taille & de port
Ne leur cedoit en rien (or la gloire infinie
De sa Mere bien tost la douleur de sa vie)
Se marchoit au milieu à Pallas resemblant,
S’ell’ eust eu son escu & son cueur non tremblant.
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