La viole, le lutz que la poussiere souille,
Le chaste lit desert aparoist à ses yeux,
Autrefois si plaisant, ore si ennuyeux.
Elle va l’embrasser, & regretant sa Fille
Il semble qu’en souspirs son ame se distille.
Ainsi voit on souvent le pasteur estonné,
Trouvant l’estable vuide où il avoit mené
Son troupeau bien refait, quand les lyons Puniques
Ou des loups ravissans les cruautez iniques
Ont despeuplé le tout : luy revenu trop tard
Appelle ses brebis, qui sont en autre part.
Dedans un lieu secret du superbe edifice
Ceres voit Electra, la songneuse nourrice
De sa Fille tant chere : or ceste Nymphe avoit
Un renom tresfameux pource qu’elle suivoit
L’infante Proserpine, & la serrant petite
Dedans son tendre sein luy servoit de conduite,
Pour aller voir au ciel le pere souverain,
Joüer à ses genoux & luy toucher la main.
Ceste-cy desplorant la piteuse adventure
D’un tel ravissement plaignoit sa nourriture,
Deschirant ses cheveux : Ceres toute en courroux
Redoublant ses souspirs luy dict que voions nous ?
Quel ravage est-cecy ? de qui serons nous proie ?
Mon mary est il Roy ? les Titans ont ils voie
Pour l’aller prendre au ciel ? qui est entreprenant
De faire ce desordre, & ne craint le Tonnant ?
Tiphon a til rompu le sommet d’Inarime ?
Ou si le Mont Vesuve a fait tomber sa cime ?
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