Page:Des Roches - Les Missives.pdf/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7.


PUis que l’ignorance doit clorre la bouche ainsi que vous dites (Madame) le sçavoir la peut justement ouvrir : aussi est-ce luy qui ouvre maintenant la vostre. Je dy cecy pource que la parole est image de la pensee, & l’escriture image de la parole. Ainsi donc vostre missive representant (pour estre tant bien ornee) les rares perfections de vostre divin esprit, attire mon ame par mes yeux, de sorte qu’elle qui d’autrefois a eu l’honneur de vous ouyr, se trouvant enchaisnee en vos sages discours, demeure entierement serve de vostre excellence, & ne peut faire jugement au differend dont vous parlez, sors celuy qu’elle entendra de vous, pource que fille, mariee, & vesve, tousjours vous avez monstré une vertu tres-parfaite : & la vertu est source du bonheur. Or je suppliray les graces qui vous accompagnent, qu’il leur plaise recevoir les humbles recommandations de ma Fille & de moy avec mon affectionné service, en tesmoignage duquel j’ay composé un Sonnet par vostre commandement, & le vous envoie, esperant que mon obeissance & ma diligence excuseront mon insuffisance.

8.


LEs lettres vous avoüent pour fils, dans lequel elles ont tracé mille lignes d’honneur pour se rendre plus honorables. Les lettres vous tiennent pour pere, vous dont l’esprit né au ciel a songeusement contemplé les riches tresors de la sapience divine, & depuis par les doctes discours formez