Page:Des Roches - Les Missives.pdf/34

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Responses

5.


Pour chanter le parfait qui ton ame decore,
Et couronne ton chef des rameaux verdissans,
Faudroit du Dieu luysant la voix & les accens
Dignes de la vertu qui ton siecle redore.
Tu invoque la Muse, & la Muse t’honore,
Sçachant combien par toy ses effets sont puissans.
Moy qui defaux d’esprit, de discours & de sens,
Crainds de souiller ton nom que nostre France adore.
Si tu veux qu’envers toy je face mon devoir,
Preste moy ton esprit, ta grace, & ton sçavoir :
Et lors je chanteray tes supresmes loüanges.
Mon parler empenné de ta sainte grandeur
Fera voir ton los la divine splendeur
A l’Euphrate & au Nil, au Danube & au Gange.

6.


Ce loüable desir qui ores vous tient pris,
De voir le grand Paris, Seine, & l’Isle de France,
Ne vous tire du cueur la vive souvenance
Que Poitiers vous a fait bien né & bien apris.
Remarquant de ce lieu les fertiles espris.
Je sçay que vous verrez moins que vostre excellence.
De quitter le certain guidé par l’esperance,
Le Macedonien n’a pas esté repris.
Mais s’il vous advenoit suivant vostre oraison
D’enrichir vostre esprit de sens & de raison,
N’abismez nostre Clein dedans les flotz de Seine.
L’Argive & l’Itaquois privoient pour l’heureux jour
Qui puissent aborder en leur naif sejour,
Pour le juste loyer d’une si longue peine.