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De M. des Roches.

11.

L’ame est un air, un feu, un vent :
L’un des trois, ou les trois ensemble.
L’air devient feu en s’eslevant.
L’ame l’un & l’autre resemble.

Vous sçavez bien qu’elle est un air,
Puis qu’elle forme la parole,
On ne peut ouyr ny parler,
Qu’en l’air des sciences l’escole.

Doncques l’ame qui va ouvrant
Le plus secret de sa pensee,
Ne doit craindre se descouvrant
D’estre esventee ou insensee.

12.


Divin esprit si ta chaste Pentee
Fut autrefois l’argument de mes vers,
Je n’ay jamais ses manes descouvers,
Et sa grandeur ne s’en fut contentee.
Mais toy qui l’as heureusement portee
Par la rondeur de ce grand univers,
En discourant les accidens divers
Et le parfait de ceste Pasithee,
Trois fois tresgrand tu as par ce butin
Vaincu la mort, le ciel & le destin.
Le corps tant beau sort de la sepulture,
L’esprit desçend de l’eternel repos,
L’ombre a quité les doux champs de Minos
Pour le tableau de ta vive peinture.