La grace mutuelle ainsi tousjours se voit,
Quand recevant on donne & donnant on reçoit.
Dieux ausquels vont servant les innombrables nombres
De ces volages vains & non touchables ombres,
Qui gouvernez Averne, Averne qui tout prend,
Et en prenant ce tout, rien jamais il ne rend.
Vous ô Dieux sousterrains que le Stix environne,
Dont les flots ensouffrez arrosent la couronne
Au lac de Phlegeton, qui au gouffres ardans
Tient la fumee hors & la flamme au dedans,
Demonstrez, descouvrez, estallez vos richesses,
Le beau de vostre ciel, & de quelles caresses
L’enfant Citerien a flechi vostre Dieu.
Et que dit Proserpine arrivant en ce lieu,
Lors que ce ravisseur l’aiant prise à sa Mere
En flatant luy promit le chaos pour doüaire.
Faites moy voir encor le travail soucieux
De la Mere doulente, & en combien de lieux
Ell’ erra sans borner son desir ny sa cource,
Faisant choir de ses yeux une piteuse source :
De ce fertile pleur nous est venu le grain,
Qui changé pour le glan apporte un si beau gain.
Le Prince de l’Erebe enflammé de colere
De ce que le doux nom de Mary & de Pere
Luy estoit interdit, & que seul languissant
Il ne sent les attraits de l’amour blandissant,
Esbranla tellement ceste ronde machine,
Que l’on pensoit la terre & le ciel en ruine,
Au profond des Enfers l’on entend un grand bruit
Du Baratre fumeux, une troupe se suit
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