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Je me tais du larcin de vos autres amours
De Latone, Ceres, & Themis : car vos jours
Sont rendus plus heureux par un si beau lignage.
170Moy chetif cependant privee de mariage
Je ne puis alleger mon importun souci.
Ah ! mais je ne veux plus endurer d’estre ainsi.
J’arreste de la nuit les pointes plus aigues,
Et les ondes aussi du Soleil non cognues,
175Et les paluz d’Enfer qu’on ne doit parjurer,
Que je ne sçaurois plus ce tourment endurer.
Si tu ne veux Juppin accorder ma requeste,
Un extreme malheur te penche sur la teste.
J’irriteray vers toy les Tartares beans
180Plus hardis que jamais combatront les Geans :
De ton pere peu caut je deliray la chesne :
Mes tenebres perdans la splendeur de ton regne.
A peine eust il finy, que le Nonce depart,
Fend l’air, touche le ciel, le dit au pere à part.
185Lequel l’aiant ouy en soy pense & repense
Ce qui doit advenir d’une telle alliance :
Qui pendant le Soleil prendra l’Isle de Deul
Laissant divers advis il s’arreste à un seul.
Ceres avoit chez soy une fille pudique,
190En lignage, en vertus, & en beautez unique.
Lucine a bien pensé qu’un autre enfantement
Ne devoit point suivir ce divin ornement :
Proserpine en valeurs suapassant un grand nombre.
Le corps n’est jamais veu plustost suivy de l’ombre,
195Que sa Mere la suit de pensers & de pas,
S’accommodant pour elle aux enfantains esbats.