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L’ARBRISSEAU

« Sans avoir vu des cieux briller les doux flambeaux !
« Je n’atteindrai jamais de ces arbres si beaux
« La couronne verte et fleurie !
« Ils dominent au loin sur les champs d’alentour :
« On dit que le soleil dore leur beau feuillage ;
« Et moi, sous leur impénétrable ombrage,
« Je devine à peine le jour !
« Vallon où je me meurs, votre triste influence
« A préparé ma chute auprès de ma naissance.
« Bientôt, hélas ! je ne dois plus gémir !
« Déjà ma feuille a cessé de frémir…
« Je meurs, je meurs. » Ce douloureux murmure
Toucha le dieu protecteur du vallon.
C’était le temps où le noir Aquilon
Laisse, en fuyant, respirer la nature.
« Non, dit le dieu : qu’un souffle de chaleur
« Pénètre au sein de ta tige glacée.
« Ta vie heureuse est enfin commencée ;