Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 1, Boulland, 1830.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
IDYLLES.

Et lentement s’évanouir l’image
Que je tremblais de revoir au réveil :
Je m’endormis. Mais l’image, enhardie,
Au bruit de l’eau se glissa dans mon cœur :
Le chant des bois, leur vague mélodie,
En la berçant, fait rêver la pudeur.
En vain, pour m’éveiller, mes compagnes chéries,
Auraient fait de mon nom retentir les prairies,
En me tendant leurs bras entrelacés ;
J’aurais dit : Non, je dors, je veux dormir, dansez !

Mille songes couraient ; c’étaient les seuls nuages
Que la lune teignît de ses vagues lueurs ;
Comme les papillons sur leurs ailes volages
De l’air qui les balance empruntent les couleurs.

Calme, les yeux fermés, je me sentais sourire ;
Des songes prêts à fuir je retenais l’essor ;