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PRIÈRES.

Avant de te blesser je me tuerais moi-même ;
Je trouve des raisons ; j’en invente : je t’aime !
« C’est le sort et le cœur qui t’a mal arrêté, »
S’immole pour t’absoudre et saigne à ton côté.

L’amour vrai, tiens, c’est Dieu remontant au calvaire.
J’ai lu dans un beau livre, humble, grand et sévère,
Dont l’esprit devant toi me relève aujourd’hui :
« L’Éternel mit la femme entre le monde et lui. »

Moi, je suis une femme aussi comme ta mère !
Elle me défendrait de ton insulte amère :
Plus grand que son amour, mon amour se donna !
Une femme aima trop, et Dieu lui pardonna.

Crois donc que pour aimer il faut un grand courage ;
Que rester immobile au pied d’un tel orage,
Ce n’est point lâcheté, comme tu dis toujours :
C’est attendre la mort sans disputer ses jours ;
C’est accomplir un vœu, fait au bord de l’enfance,
De ne rendre jamais l’offense pour l’offense ;