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HUIT FEMMES.

C’est ainsi que la moitié de la vérité avait été répandue à l’occasion de ces scènes intimes ; car jamais jeune miss ne fut moins pleurante que la jeune Anna Aymer : elle n’était, s’il faut le dire, que franche et naturelle.

Jamais encore elle ne s’était évanouie ni n’avait cru ressentir la moindre attaque de nerfs, dans sa vie fraîche et rose de vingt ans. Dieu sait toutefois les évanouissemens et les crises vaporeuses dont on couronna les récits de sa douleur ! sans compter ses beaux cheveux blonds épars, arrachés dans une frénétique détresse ; ses belles mains tordues et mutilées l’une par l’autre dans les convulsions du désespoir. Quant aux larmes et aux sanglots, il y en avait trop pour qu’il fût question de les nombrer ni de les dépeindre. C’était à fendre les rochers ; à faire