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l’enfant des champs-élysées.

et comme languissamment. Nul écolier ne parut ce jour-là ; toute la bande joyeuse était occupée ailleurs. Une longue volée de poussière l’attirait au bord du chemin de l’Arc de l’Étoile. Le roi passait dans la grande allée qui y mène ; sa brillante livrée rouge, une foule de chevaux d’élite montés par des hussards à panaches flottants, retenaient les écoles rangées en haie pour lancer leurs cris dans l’air. Toute cette jeunesse brûlait de savoir ce que c’est qu’un roi vu de près.

Parmi les passants disséminés en petit nombre sous les arbres où restait Rosa, un pauvre s’approcha des enfants que tous regardaient avec intérêt. Rosa tendit au pauvre une petite pièce de monnaie, lui disant :

— Prenez cela, Monsieur, pour acheter du pain.

— Et du nanan ! ajouta Michel de l’air charmant et sérieux du conseil. Il fit sourire un vieillard en l’excitant à l’aumône, et le pauvre satisfait s’éloi-