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l’enfant des champs-élysées.

barrière, on interroge avidement au retour quelques rares promeneurs : ils n’ont rien vu, rien entendu, sinon les cris récents qui viennent de les attirer autour de cette maison pleine d’effroi.

Les heures sont dévorées en vaines recherches, en attente mortelle, en prières ardentes, en efforts de toute nature pour découvrir la trace du petit être adoré. Le tout en vain ! Quelle nuit pour la mère désespérée, pour Rosa immobile, saisie par moments de convulsions violentes, serrant avec frénésie les genoux de sa mère, criant à ceux qui veillent auprès d’elle : « J’ai fait un malheur ! Tuez-moi, oh ! s’il vous plaît, tuez-moi ! » Comme personne ne trouve de paroles pour la consoler, et qu’elle se traîne en rampant vers sa mère, criant toujours : « Tuez-moi ! » sa mère lui dit d’une voix brisée :

— Moi qui suis morte, ô ma fille, comment vous tuerais-je ?

On craignit durant plusieurs jours pour la vie de cette jeune imprudente.