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l’enfant des champs-élysées.

dans le développement de ses forces physiques. S’il parcourait chaque jour en tous sens les Champs-Élysées, où demeurait sa mère, c’était encore, il faut le dire, grâce à l’agilité des chèvres, dont la plus barbue, qu’on appelait Nanine, l’avait abreuvé de son lait. Mais, il avait l’air si joyeux en criant : houp ! houp ! quand il frappait des mains en signe de contentement, qu’on ne lui souhaitait rien que d’être ce qu’il était. Ses éclats de rire avaient plus de puissance que des coups de cravache pour animer la vitesse gaillarde de ses quatre chevaux nains, pendant que sa sœur Rosa le suivait avec la légèreté d’un cerf-volant.

Le mois de juin, beau mois qui donne les cerises, venait de s’écouler en courses salutaires pour la santé du petit Michel. Il ne bégayait plus ; il lançait distinctement dans l’air le nom de Rosa, sa sœur, celui de Zolg, son gardien allemand, et celui plus perçant de : mère ! Quand il le répétait, les bras tendus, dans l’impatience de retourner vers elle, tan-