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LUCETTE.

apprise de son père. On oserait presque dire, d’après cette chanson, que Marguerite avait eu aussi besoin d’une leçon avant seize ans ; car on ne fait guère au village que ce qu’on a vu faire à ses parens. Quoi qu’il en soit, Lucette apprit à son tour cette chanson de Marguerite :

Mères, ne dormez plus ! on parle de printemps ;
Il apporte des fleurs pour le tourment des mères.
Imitez le berger ; aux agneaux imprudens
Il donne avec des fleurs quelques herbes amères.

Le mouton veut brouter ; la chèvre veut gravir :
Il faut un doux lien à la chèvre volage ;
Et le petit mouton pousse en vain un soupir ;
Le berger mieux que lui connaît le pâturage.

Toi, qui trop jeune encor, veux danser sur les fleurs,
Prends garde, pastourelle, au choix de ta couronne ;
Le printemps en a deux, qui tombent à l’automne ;
L’une laisse des fruits, l’autre laisse des pleurs.

Lucette rêvait à ces deux couronnes. Tout absorbée dans son premier cha-