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LUCETTE.

si belle, que mon cœur sautait à l’idée d’y danser avec Alexis. Je demandai tout à coup à ma mère la permission de choisir un berger pour m’y conduire, comme elle avait fait autrefois. Mais, Rose, que j’ai été punie ! Ma mère a dit qu’il fallait seize ans avant de penser à quelque chose, que j’étais une petite fille curieuse, aussi folle que toi, plus folle qu’un chevreau ; de ces reproches qui couvrent de honte ; enfin, qu’il fallait seulement demander à Dieu d’être sage, et de ne plus rêver. Je ne fais pourtant pas autre chose. Tantôt je vois Alexis disant : Mère ! regardez Lucette, elle ressemble à la bergère qu’on a mariée l’autre jour ! Une autre fois, je l’entends dire, avec cette voix qui me descend dans le cœur : — Lucette, si jamais tu choisis un berger, qui prendras-tu ? Hélas ! Rose, si tout cela offense Dieu,