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LUCETTE.

passa sous des orangers qui cachèrent sa fuite à tout le monde. Elle courut d’abord, puis elle s’assit à quelque distance du château. Seule sur la montagne déserte, elle entendait cette belle musique, dont l’harmonie était plus douce au loin, et se perdait dans le ciel, dont elle paraissait venir. Le jour, qui pâlissait, lui laissait encore deviner et entrevoir les groupes qui paraissaient flotter sur les pelouses vertes du château ; et Claire, tourmentée par le charme qui se glissait dans ses veines comme une fière lente, attachait ses regards languissans sur ces ombres légères où jouait l’Amour !… Peu à peu la douce musique, les groupes, les pelouses et le château, tout s’effaça dans la nuit ; mais l’Amour ne sortit plus de son âme, où elle entendait sa voix comme s’il y parlait encore.

Le lendemain, sa mère malade l’en-