Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
MARIE.

n’en meurt pas ! » Et elle suivait lentement un sentier peu frayé par les jeunes filles du hameau ; et ses lèvres murmuraient encore : On n’en meurt pas ! » Ce refrain lui rappelait Claudine, sa première amie. L’histoire de cette petite bergère lui revint à l’idée. Ses pas la conduisirent au dernier asile où reposait déjà Claudine. On l’y avait placée à seize ans. Trois étés avaient couvert cet asile de mousse et de fougère ; et les indifférens n’y voyaient déjà plus autre chose. On aurait ignoré au village qu’elle était là par la volonté de l’Amour, sans l’entretien qu’elle eut avec Marie, par un jour de fête, semblable au plus beau jour d’Annette. Marie l’avait alors raconté en pleurant à ses autres compagnes : ses autres compagnes l’avaient oublié, mais sa mémoire fidèle le lui retraçait encore. L’écho redit long-temps la plainte du malheur. Il fait survivre au malheureux ses derniers soupirs ; les traîne en gémissant dans les