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MARIE.

l’église avait été jonchée sous les pas de l’ingrat Lubin : ces fleurs encore fraîches furent pressées par le cercueil de Claudine… Leurs parfums s’exhalèrent dans ces deux fêtes. En un jour la chapelle retentit d’un chant d’hymen et d’un chant de mort ; et Lubin avait pu dire : C’est pour moi !

Il est à croire que cette réflexion l’atteignit, et que la vanité ne prépare guère un avenir paisible. Il s’étourdit d’abord en courant dans ces belles vallées, sur ces riches côteaux, d’où il embrassait d’un coup-d’œil les vastes récoltes dont il était le maître. Ses yeux dévoraient tout. Peu à peu ses regards fatigués s’y promenèrent plus vaguement : il les y tenait souvent fixés des heures entières sans rien voir ; le jour le plus clair lui semblait noir et orageux. Un air d’ennui se répandit sur tout son être ; son teint brillant devint terne. Tout l’importunait ; tout excitait sa sombre hu-