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MARIE.

haut, se persuadant peut-être qu’Olivier en entendrait quelque chose :

Olivier, je t’attends ; déjà l’heure est sonnée :
Je viens de tressaillir comme au bruit de tes pas.
Le soleil qui s’éteint va clore la journée ;
Ici j’attends l’Amour, et l’Amour ne vient pas.

Le berger lentement regagne sa demeure.
Tout est triste au vallon ; Olivier n’est pas là !
De notre rendez-vous lui-même a fixé l’heure :
Je n’avais rien promis, et pourtant me voilà.

Adieu, mon Olivier, je m’en vais au village ;
Pour toi je l’ai quitté ; j’y retourne sans toi.
Demain pour t’excuser tu viendras au bocage ;
J’y laisse mon bouquet, il parlera pour moi.

Elle jetta son bouquet à la place même qu’elle venait de quitter ; et sa plainte n’ayant que bien peu soulagé son cœur, elle sortit du bocage, porta son tablier sur ses yeux brûlés des derniers rayons du soleil ; et peut-être aussi pour essuyer quelques larmes : qui sait ? une bergère amoureuse pleure souvent.

Elle s’en retournait donc cette belle