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MARIE.

et mouraient sans avoir été cueillies. C’est là que Claudine avait reçu la vie, c’est là qu’elle dormait au murmure des feuilles et de l’eau : le soleil couchant semblait abandonner à regret ce lieu paisible et le caresser de son dernier rayon. La lune se levait pour l’éclairer à son tour, et cette heure vague entre le jour et la nuit, enchaînait la pensée entre la joie et la tristesse ; nul être vivant n’animait ce tableau, nul bruit ne se mêlait au léger bruit du vent qui formait dans l’air une plainte aussi douce que la dernière plainte de Claudine.

Marie était sans frayeur, mais elle respirait à peine, pour ne pas troubler la paix silencieuse qui régnait autour d’elle ; toute entière à la rêverie, ses pieds semblaient attachés au sol ; immobile, et muette dans sa contemplation, elle souriait au ciel pour le prier de ramener Claudine dans sa chaumière inhabitée… Et le ciel ne rend pas les anges qu’il reprend à la terre ! Mais il faut