Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
MARIE.

croire qu’il accorde à ceux qui les ont aimés la faveur de les entrevoir parfois dans le sommeil. Aussi Marie crut entrevoir une jeune fille qu’elle reconnut pour Claudine ; elle était belle comme la vierge qu’elle priait à l’église du hameau. Marie la regardait avec ravissement s’élever au-dessus d’elle en lui tendant les bras : la joie et la surprise lui rendirent la voix. Viens donc, Claudine, viens donc, dit-elle ; nous irons jouer à la prairie. Et Claudine la regardait sans répondre.

Dis-moi, bergère, qui t’a donné ce voile blanc comme celui d’une vierge ?… Et Claudine déploya sans parler un autre voile qu’elle étendit sur la tête de Marie… Oh ! Claudine ! pour qui est celui-ci ? s’écria-t-elle… Elle crut le sentir tomber sur elle ; et, levant les bras pour essayer de s’en dégager, elle s’éveilla en appelant Claudine.

Je rêvais, dit-elle, et Claudine m’est