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MARIE.

venue voir. Elle se leva sans trouble, mais abattue et faible. Le jour qui se levait aussi, se ressentait comme elle de la fatigue de l’orage. L’air était épuré, mais le soleil manquait de force. L’automne approchait ; les oiseaux n’osaient plus chanter gaîment : ils gazouillaient en secouant leurs petites ailes mouillées.

Marie entrouvrit sa chaumière, elle fut émue d’y trouver Olivier qui paraissait l’attendre ; les vêtemens du berger semblaient tout pénétrés de la pluie, et Marie n’eut pas la force de mettre un reproche dans son regard. Il y en avait peut-être de plus touchans dans son maintien, dans le désordre de ses beaux cheveux que ne retenaient ni chapeau, ni ruban ; enfin dans la rougeur légère qui monta sur son front. Tout cela pouvait parler au berger, dont l’aspect n’était pas plus joyeux. Il venait, ce pauvre berger, prendre un long congé de sa jeune maîtresse, et cherchait avec quels mots il pour-