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MARIE.


« Ouvre les yeux ! vois l’étoile brillante
Qui vient chercher le pasteur matinal.
Son doux rayon chasse la nuit brûlante,
Et du ruisseau fait blanchir le cristal. »

« Non, le rayon qui perce la feuillée,
D’aucun pasteur n’avance le réveil ;
Et cette lampe éclaire, en sa veillée,
L’impatient qui trouble ton sommeil. »

« Quoi ! ta paupière est encore accablée,
Tu dors !… Pour toi la nuit règne toujours.
Mais nos bergers causent dans la vallée,
Et ta lenteur fait déjà leur discours. »

« Non ! c’est l’écho qui m’appelle dormeuse.
Tous les bergers ne sont pas amoureux !
Je n’en vois qu’un… et je suis si peureuse !
J’irai, ma sœur, quand il en viendra deux. »


« L’amour les éveille, dit Olivier, pour les réunir aux bergers qui les aiment. Qu’il est heureux de s’éveiller ainsi ! » Il se disposait à s’éloigner, lorsqu’il crut voir quelqu’un marcher dans l’ombre ; un chien accourut vers lui en grondant, et retourna pour avertir son maître, qui, surpris de rencontrer à cette heure un étranger, lui demanda ce