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DIVERSES.

Il saluait l’aurore, et l’aurore charmée
Se montrait sans nuage et riait de l’hiver.
Une hirondelle passe ; elle effleure la joue
Du petit nonchalant qui s’attriste et qui joue :
Et dans l’air suspendue, en redoublant sa voix,
Fait tressaillir l’écho qui dort au fond des bois.

« Oh ! bonjour, dit l’enfant, qui se souvenait d’elle ;
» Je t’ai vue à l’automne. Oh ! bonjour, hirondelle !
» Viens ! tu portais bonheur à ma maison, et moi
» Je voudrais du bonheur. Veux-tu m’en donner, toi ?
» Jouons. — Je le voudrais, répond la voyageuse,
» Car je respire à peine, et je me sens joyeuse.
» Mais j’ai beaucoup d’amis qui doutent du printemps,
» Ils rêveraient ma mort si je tardais long-temps :
» Non, je ne puis jouer. Pour finir leur souffrance
» J’emporte un brin de mousse en signe d’espérance.
» Nous allons relever nos palais dégarnis,
» L’herbe croît, c’est l’instant des amours et des nids.
» J’ai tout vu. Maintenant, fidèle messagère,
» Je vais chercher mes sœurs, là-bas sur le chemin.
» Ainsi que nous, enfant, la vie est passagère,
» Il en faut profiter. Je me sauve. À demain. »

L’enfant reste muet, et, la tête baissée,
Rêve et compte ses pas, pour tromper son ennui,