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Entendra qui pourra sans songer aux voyages
Ce qui faisait frémir nos ailes sans plumages,
Ces fanfares dans l’air, ces rendez-vous épars
Qui s’appelaient au loin : « Venez-vous ? Moi, je pars ! »

C’est là que votre vie ayant été semée,
Vous alliez apparaître et charmante et charmée ;
C’est là que préparée à d’innocents liens,
J’accourais… Regardez comme je m’en souviens !

Et les petits voisins amoureux d’ombre fraîche
N’eurent pas sitôt vu, comme au fond d’une crêche,
Un enfant rose et nud plus beau qu’un autre enfant
Qu’ils se dirent entre eux : « Est-ce un Jésus vivant ? »

C’était vous ! D’aucuns nœuds vos mains n’étaient liées ;
Vos petits pieds dormaient sur les branches pliées ;
Toute libre dans l’air où coulait le soleil
Un rameau sous le ciel berçait votre sommeil ;
Puis, le soir, on voyait d’une femme étoilée
L’abondante mamelle à vos lèvres collée,
Et partout se lisait dans ce tableau charmant
De vos jours couronnés le doux pressentiment.

De parfums, d’air sonore incessamment baisée,