Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 86 —


À MON FILS
AVANT LE COLLÉGE.


Un soir, l’âtre éclairait notre maison fermée,
Par le travail et toi doucement animée.
Ton aïeul tout rêveur te prit sur ses genoux,
(Il n’a jamais sommeil pour veiller avec nous)
Il parla le premier de départ, de collége,
De travaux, de la gloire aussi qui les allége,
Content d’avoir été, jeune un jour comme toi,
Emmené par sa mère… il le disait pour moi…
Puis traçant des tableaux pour étendre ta vue,
De nouveaux horizons découvrant l’étendue,
Il dit que, si petit qu’il fût, par le chemin,
Il soutenait sa mère et lui tenait la main.
Il raconta comment cette femme prudente
L’avait porté loin d’elle en sa tendresse ardente.
Ses yeux étaient mouillés me fixant en dessous…
De ce poignant effort je l’aime et je l’absous !
Sur quoi, me voyant coudre un manteau de voyage,
Il m’embrassa deux fois pour louer mon courage,