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La Dioptrique. — Discours I.

l’air, par ceux qu’elle rencontre. Car il eſt bien ayſé a croire que l’action ou inclination a ſe mouuoir, que i’ay dit deuoir eſtre priſe pour la lumiere, doit ſuiure en cecy les meſmes loys que le mouuement. Et afin que i’explique cete troiſieſme comparaiſon tout au long, conſiderés que les corps, qui peuuent ainſy eſtre rencontrés par vne balle qui paſſe dans l’air, ſont ou mous, ou durs, ou liquides ; & que, s’ils | ſont mous, ils arreſtent & amortiſſent tout a fait ſon mouuement : comme lors qu’elle donne contre des toiles, ou du ſable, ou de la boüe ; au lieu que, s’ils ſont durs, ils la renuoyent d’vn auſtre coſté ſans l’arreſter ; & ce, en pluſieurs diuerſes façons. Car ou leur fuperficie eſt toute eſgale & vnie, ou rabotteuſe & ineſgale ; & derechef, eſtant eſgale, elle eſt ou platte, ou courbée ; & eſtant ineſgale, ou ſon ineſgalité ne conſiſte qu’en ce qu’elle eſt compoſée de pluſieurs parties diuerſement courbées, dont chacune eſt en ſoy aſſés vnie ; ou bien elle conſiſte, outre cela, en ce qu’elle a pluſieurs diuers angles ou pointes, ou des parties plus dures l’vne que l’autre, ou qui ſe meuuent, & ce, auec des varietés qui peuuent eſtre imaginées en mille ſortes. Et il faut remarquer que la baie, outre ſon mouuement ſimple & ordinaire, qui la porte d’vn lieu en l’autre, en peut encores auoir vn deuxieſme, qui la fait tourner autour de ſon centre, & que la viteſſe de cetuy cy peut auoir pluſieurs diuerſes proportions auec celle de l’autre. Or, quand pluſieurs baies venant d’vn meſme coſté, rencontrent vn cors, dont la ſuperficie eſt toute vnie & eſgale, elles ſe refleſchiſſent eſgalement, & en meſme