Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/247

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n, 524-525. XX. — 18 Mars i6}0. 13 )

plus particulièrement fe rapporter au fens de la veuë. Mais généralement ny le j beau, ny l'agréable, ne figni- fie rien qu'vn rapport de noftre iugement à l'objet; & pource que les iugemens des hommes font fi diffe- 5 rens, on ne peut dire que le beau, ny l'agréable, ayent aucune mefure déterminée. Et ie ne le fçau- rois mieux expliquer, que i'ay fait autresfois en ma Mufique 3 ; ie mettray icy les mefmes mots, pource que i'ay le Liure entre mes mains : Inter obieéla fen-

10 fus, illud non animo gratiffunum efl, quoi facillimè fenfu percipitur, neque eîiam quod difficillimè ; fed quod non tant facile, vt naturale defiderium, quo fenfus feruntur in obieéla, plané non impleat, neque etiam tant difficulter, vifenfumfatiget h . I'expliquois, id quod facile, vel diffi-

i5 culter fenfu percipitur h , comme par exemple, les com- partimens d'vn parterre, qui ne confifteront qu'en vne ou deux fortes de figures, arrengées toufiours de mefme façon, fe comprendront bien plus aifément que s'il y en auoit dix ou douze, & arrengées diuer-

20 fement ; mais ce n'eft pas à dire qu'on puiffe nommer abfolument l'vn plus beau que l'autre, mais félon la fantaifie des vns, celuy de trois fortes de figures fera le plus beau, félon celle des autres celuy de quatre, ou de cinq, &c. Mais ce qui plaira à plus de gens,

2 5 pourra eftre nommé Amplement le plus beau, ce qui ne fçauroit eftre déterminé.

Secondement, la mefme chofe qui fait enuie de danfer à quelques-vns, peut donner enuie de pleurer aux autres. Car cela ne vient, que de ce que les idées

a. Le Compendium Musicce, dont Descartes va citer la fin de l'art. 2.

b. Clerselier ajoute ici la traduction du texte latin.

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