Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/295

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n’eſt autre chofe qu’vne nouuelle force qu’elle acquiert par l’impetuoſité de ſon mouuement, en venant depuis B iuſques à E, de ſorte que H ne peut eſtre ſi éloigné 5 de E comme B ; car cette nouuelle force ne ſçauroit eſtre ſi grande que la premiere. Or encore qu’à chaque retour que fait cette corde, ce ſoit vne nouuelle force qui la faſſe mouuoir, il eſt certain toutesfois qu’elle 10 ne s’arreſte point vn ſeul moment entre deux retours ; & la raiſon que vous apportez que l’air ne peut pouſſer la corde, à cauſe qu’il eſt pouſſé par la corde, eſt tres-claire & tres-certaine.

I’auois écrit tout ce qui précède il y a quinze iours, 15 & pource que la feuille n’eſtoit pas pleine, ie ne vous I’auois pas enuoyée, ainſi que vous m’auiez mandé dans l’vn de vos billets. Mais ie vous l’euſſe enuoyée il y a huit iours, ſinon que celle que vous m’écriuiez me fuſt renduë trop tard. Ie ne ſçay ſi ce n’eſt point 20 que vous l’euſſiez miſe au paquet de quelqu’autre, car ie n’eſtois pas au logis quand on l’apporta ; mais quand vous m’obligez de m’écrire, c’eſt touſiours le plus ſeur d’enuoyer vos lettres par la voye ordinaire.

Ie vous ay trop d’obligation de la peine que vous 25 auez priſe de m’enuoyer vn extrait de ce Manuſcrit[1]. Le plus court moyen que ie ſçache pour répondre aux raiſons qu’il apporte contre la Diuinité, & enſemble à toutes celles des autres Athées, c’eſt de trouuer vne demonſtration euidente, qui faſſe croire à tout le 30 monde que Dieu eſt. Pour moy, i’oſe bien me vanter

  1. Lettres XXI et XXII, pages 144 (note b) et 148-9.