Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/298

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vn de mes amis[1] ce que ie reconnoiſſois de vôtre humeur, pource que, ſçachant que vous auiez accouſtumé de vous plaindre de tous ceux qui auoient tâché de vous obliger, i’eſtois bien aiſe, ſi vous veniez quelque iour à vous plaindre de moy, qu’vne perſonne 5 de ſon merite & de ſa condition pût rendre témoignage de la verité. Ie l’ay auſſi auerty de ce que vous m’auiez écrit de luy, & luy ay fait voir voſtre lettre. Car eſtant témoin des obligations que ie luy ay, & ſçachant tres-certainement que vous ne le blâmiez 10 que pour me preuenir & m’empeſcher de croire les veritez qu’il me pourroit dire à voſtre deſauantage, & deſquelles toutesfois il ne m’a iamais rien appris, i’euſſe creu commettre vn grand crime, & me rendre complice de voſtre peu de reconnoiſſance, ſi ie ne l’en 15 euſſe auerty.

Mais puiſque ie tiens la plume, il faut vne bonne fois que ie tâche à me débaraſſer de toutes vos plaintes, & à vous rendre conte de mes actions. Si i’euſſe dés le commencement connu vôtre humeur 20 & vos affaires, ie ne vous aurois iamais conſeillé de trauailler à ce que i’auois penſé touchant les refractions. Mais vous ſçauez qu’à peine vous auois-ie vû vne ou deux fois[2], quand vous vous y offriſtes, & pour ce que i’euſ|ſe eſté bien aiſe d’en voir l’execution, ie 25 ne creus pas auoir beſoin de m’enquerir plus diligemment ſi vous en pourriez venir à bout, & ne fis point de difficulté de vous communiquer ce que i’en ſça-

  1. Mersenne ; il s’agit sans doute de la lettre adressée à Anvers ; voir plus haut, p. 179, l. 3.
  2. Cf. page 33, l. 26.