Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/399

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«, 35i-35a. LUI. — Avril 1654. 285

Mon Reuerend Père,

I'apprens par les voftres que les dernières que ie vous auois écrites ont efté perdues, bien que ie les penfois auoir addreffées fort furement. le vous y 5 mandois tout au long la raifon qui m'empefchoit de vous enuoyer mon Traitté, laquelle ie ne doute point que vous ne trouuiez û légitime, que tant s'en faut que vous me blâmiez de ce que ie me refous à ne le faire iamais voir à perfonne, qu'au contraire vous fe-

10 riez le premier à m'y exhorter, û ie n'y eftois pas défia tout refolu. Vous fçauez fans doute que Galilée a eité repris depuis peu par les Inquifiteurs de la Foy, & que fon opinion touchant le mouuement de la Terre a efté condamnée comme hérétique. Or ie vous diray

i5 que toutes les chofes que i'expliquois en mon Traitté, entre lefquelles efloit aufli cette opinion du mouue- ment de la Terre, dépendoient tellement les vnes des autres, que c'eft allez de fçauoir qu'il y en ait vne qui foit fauffe, pour connoiftre que toutes les raifons

ao dont ie me feruois n'ont point | de force ; et quoy que ie penfaffe qu'elles fuffent appuyées fur des démons- trations très-certaines, & tres-éuidentes, ie ne vou- drois toutesfois pour rien du monde les fouftenir contre l'authorité de l'Eglife. le fçay bien qu'on pour-

25 roit dire que tout ce que les Inquifiteurs de Rome ont décidé, n'eft pas incontinent article de foy pour cela, & qu'il faut premièrement que le Concile y ait paflé. Mais ie ne fuis point fi amoureux de mes pen- fées, que de me vouloir feruir de telles exceptions,

3o pour auoir moyen de les maintenir; & le defir que i'ay

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