Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/437

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Secondement, ie ne ſçay point ſi le ſureau ou le ſapire[1] rendent vn ſon plus aigu que le cuiure ; mais ie croy generalement que ſelon que les cors ſont plus ſecs & plus roides, c’eſt à dire plus diſpoſez à receuoir 5 en eux vn tremblement plus prompt, ils ont le ſon le plus aigu.

3. Et ce ſon ne ſe fait point par la diuiſion des parties de l’air, mais par ſon agitation ſeulement, laquelle accompagne celle du cors reſonnant.

10 4. C’eſt autre chofe des tours & retours d’vne corde attachée par les deux bouts, & autre choſe de ceux d’vne corde attachée ſeulement par vn bout, & qui a vn poids à l’autre bout[2] : car celle-cy ſe meut de bas en haut par l’impetuoſité ou l’agitation qui eſt en elle, 15 & ne commence point de retourner de haut en bas, que cette agitation n’ait eſté entierement ſurmontée par la peſanteur qui l’a fait deſcendre ; ce qui eſt cauſe qu’elle va fort lentement lors qu’elle acheue de monter ; & toutefois ie ne croy point pour cela qu’elle 20 s’arreſte aucun moment auant que de re|deſcendre.

5. Ie ne croy point auſſi que le mouuement de la corde attachée par les deux bouts, decriue touſiours des cercles parfaits, ou des ellipſes parfaites ; mais que toutes les inégalitez de ces cordes, & les diuerſes 25 façons dont elles peuuent eſtre touchées, apportent de la varieté en la figure de leur mouuement.

6. Pour la chaleur ie ne croy point qu’elle ſoit la meſme chofe que la lumiere, ny auſſi que la rarefaction de l’air ; mais ie la conçoy comme vne choſe

  1. Lire sapin ?
  2. Voir plus haut, Lettres X et XIV (p. 28 et 29 ; p. 73 et 74).