Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/675

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouuant receuoir leurs formes ny leur eſtre que de quelques objets exterieurs, ou de nous-meſmes, ne peuuent repreſenter aucune realité ou perfection, qui ne ſoit en ces objets, ou bien en nous, & ſemblables ; 5 ſur quoy ie me ſuis propoſé de donner quelque éclairciſſement dans vne ſeconde impreſſion.

I’ay bien penſé que ce que i’ay dit auoir mis en mon traitté de la Lumiere, touchant la creation de l’Vniuers, ſeroit incroyable ; car il n’y a que dix ans, 10 que ie n’euſſe pas moy-meſme voulu croire que l’eſprit humain euſt pû atteindre iuſqu’à de telles connoiſſances, ſi quelque autre l’euſt écrit. Mais ma conſcience, & la force de la verité m’a empeſché de craindre d’auancer vne choſe, que i’ay crû ne pouuoir 15 obmettre ſans trahir mon propre party, & de laquelle i’ay defia icy aſſez de témoins. Outre que ſi la partie de ma Phyſique qui eſt acheuée & miſe au net il y a defia quelque tems, voit iamais le iour, i’eſpere que nos neueux n’en pourront douter.

20 Ie vous ay obligation du ſoin que vous auez pris d’examiner mon opinion touchant le mouuement du cœur ; ſi voſtre Medecin a quelques objections à y faire, ie ſeray tres-ayſe de les receuoir, & ne manqueray pas d’y répondre. Il n’y a que huit iours que 25 i’en ay receu ſept ou huit ſur la meſme matière d’vn Profeſſeur en Medecine de | Louuain, qui eſt de mes amis, auquel i’ai renuoyé deux feüilles de réponſe, & ie ſouhaiterois que i’en puîſſe receuoir de meſme façon, touchant toutes les difficultez qui ſe 30 rencontrent en ce que i’ay taſché d’expliquer ; ie ne manquerais pas d’y répondre ſoigneuſement, & ie m’aſſure