Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/693

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à Morin, par exemple, Mersenne ayant évité de dire à Descartes qu’il prenait ouvertement la défense de Galilée, en voyant son ami si timoré à cet égard.

« Monsieur », écrivait Mersenne à Peiresc, le 26 juillet 1634, « ie vous envoye les 3 petits traitez que i’ay faits… Ie vous prie d’enuoyer à M. Doni, quand vous en trouuerez l’occasion, ceux où son nom est, dont les Questions morales, mathematiques, etc., sont differentes des vostres, pource qu’il y a des raisons pour le mouuement de la terre, sans refutation ; pour lesquelles i’auois mis la sentence des cardinaux (la condamnation de Galilée, prononcée le 22 juin 1633) pour medecine comme vous verrez ; mais pource que l’on me dist qu’il y avoit eu quelque bruict parmi les docteurs de Sorbonne a cause des raisons que ie ne refutois pas, i’ay osté toutes les questions dont ils se pouuoient formaliser, et en ay mis d’autres que vous verrez dans le liure pour Mr  Doni, qui sera plus propre pour Rome. Neanmoins, si vous ne vous contentez de les auoir veues la-dedans, ie vous les enuoyeray separées. Au reste, ie n’en enuoye point à Mr  Gassendi, pource qu’estant tousiours auec vous, il pourra les lire… » (p. 89-90 des Correspondants de Peiresc, p. p. Tamizey de Larroque, fasc. XIX, Paris, Picard, 1894).

Le 4 déc. 1634, il prie Peiresc de demander pour lui un renseignement à Galilée : « … ce qu’il fera d’autant plus viste, s’il sçait que ie trauaille a respondre pour luy a tous ses enuieux dont i’ay veu les liures, en destruisant leurs raisons, et en affermissant les siennes, lorsque ie les trouue veritables apres les auoir examinées ad lapidem Lydium ; mais ie ne peux acheuer que ie n’aye vu ce qu’escrira Scheiner contre luy, supposé qu’il escriue, comme l’on nous disoit il y a vn an (voir ci-avant p. 283, second alinéa). Or, il ne faut pas que vous ayez peur que ce que ie diray soit iamais censuré, d’autant qu’il sera perpétuellement appuyé sur l’expérience… » (Ib., p. 108-109).

Même lettre, à la fin : « Si vous sçauez quelqu’vn qui ayt escrit contre Galilée, outre Berigard, Ingolfer et Roca, ie vous prie de me l’indiquer ; car puisque i’ay entrepris de defendre la verité qui me sera cognüe, il est necessaire que ie les voye tous. I’attends encore Claramontius (Chiaramonti) de Florence, lequel ie n’ay point encore, contre lui ; i’estime que ce sera le plus habile, car il a desia escrit contre Tycho et Kepler, et ie seray bien ayse de receuoir vos conseils et vos aides tant sur cela que sur les autres choses qui concernent mon labeur. » (Ib., p. 110).

Mais, le 25 mai 1635, il annonce à Peiresc qu’il abandonne ce projet : « I’ay esté soigneux de faire venir d’Italie tous ceux qui ont escrit contre luy (Galilée)… ; mais i’ay trouué qu’ils ne sont quasi pas dignes qu’on les nomme à l’esgard de ce grand homme, et ne me croyant pas moy-mesme, ie les ay fait lire a mes amis qui ont trouué la mesme chose ; de sorte que ie me contente d’agir noblement auec luy en parlant de ses experiences et des miennes, comme vous verrez Dieu aydant. » (Ib., p. 114).