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quent chez les humanistes d’alors, pour lesquels l’y, surtout en Hollande, valait simplement l’i double ou long[1].

Y dans ay et oy. — Descartes écrit le plus souvent ay, et non pas ai, à la fin des mots. Les exceptions sont nombreuses pour vray, gay, vraye, gays ; on trouve fort bien aussi vrai, vraie et vrais. Mais la première personne de l’indicatif présent du verbe avoir est toujours i’ay, et de même, par conséquent, les premières personnes du futur et du passé indéfini dans tous les verbes, ie m’arestray (f. 18 recto, l. 8), i’adioutay (f. 17 verso, l. 20 et 23), ie manday, etc. Au subjonctif, on trouve également qu’ils ayent, et même une fois qu’il ayt (f. 12 verso, l. 24), l’y récrit sur un i (à moins que ce ne soit un i récrit sur un y). — Dans le corps des mots, Descartes emploie volontiers aussi l’y : aymant, aymer, ayder, aysé, aygu, etc. ; toutefois, dans une même lettre, la plus ancienne du recueil, novembre 1629, on trouve aygu (f. 48 verso, l. 39), et à la ligne suivante aigu (l. 40), et dans une même lettre encore, du 27 juillet 1638, aise (f. 14 v., l. 30), et ayse (l. 40). On trouve enfin raion pour rayon. Descartes écrit de même oy, et non pas oi, à la fin des substantifs d’abord, foy, roy, etc., à la fin des pronoms, moy, soy, quoy, et de l’adverbe pourquoy, mais surtout à la fin de la première personne de l’indicatif présent des verbes en oir et oire, ie voy, ie croy, ie conçoy[2]. On trouve un exemple de ie dois, écrit d’abord ainsi, et récrit ie doy (f. 37 verso, l. 20, du 7 septembre 1646, etc.). En 1647, Vaugelas posera la question s’il faut écrire ie crois ou ie croy, en ôtant l’s et en changeant l’i en y : « Il est certain que la raison le voudroit, dit-il, pour oster toute equiuoque, et pour

  1. Dans les textes latins, le bon usage du temps, qui sera suivi dans cette édition, était d’employer la forme j exclusivement pour l’i placé après un autre i (voyelle ou consonne). Parfois la même forme était alors aussi donnée à l’i final. — Dans la langue hollandaise, le couple ij a triomphé de la forme y, que les autographes du Nord au xviie siècle (par exemple, ceux de Beeckman) présentent souvent surmonté d’un tréma. (T).
  2. Dans les Ms. du xviie siècle, on trouve aussi assez souvent oy pour ois comme finale de la première personne du conditionnel présent. C’est ainsi que dans la lettre XCIX de ce volume, publiée d’après une ancienne copie, sçaurroy (p. 486, l. 3) est pour sçaurois ; que dans la lettre CIII, Constantin Huygens écrivait ie pourroy (p. 511, l. 4-5) pour ie pourrois ; etc. (T.)