Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, I.djvu/96

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n’avait pas corrigé les espris, mis pour esprits, comme s’en plaint un de ses lecteurs. (Lettres, édit. Clerselier, II, 4 et 14). Et ce t inutile lui déplaisait si fort, qu’il l’avait supprimé dans un mot que l’on a longtemps imprimé neantmoins : Descartes écrit d’ordinaire neanmoins.

Ce n’est pas non plus seulement la lettre t que l’adjonction de l’s fait ainsi disparaître à la fin des mots : dans des cas analogues la lettre d disparait de même, et sans doute pour la même raison, afin de ne pas écrire trois consonnes de suite, nds, dont la seconde est inutile. Descartes a écrit une fois les plus grans ; mais on trouve aussi, et dans le même autographe du 5 octobre 1637, les plus grands. La règle est mieux observée, on peut même dire qu’elle l’est toujours, à la première personne du singulier de l’indicatif présent des verbes en endre ou ondre : Descartes écrit i’apprens, ie descens, ie respons, etc. Et la raison en parait bien être celle que nous avons dite, éviter trois consonnes de suite ; car, dans d’autres cas de d suivi d’un s, où les consonnes ne sont que deux, Descartes maintient le d. Il écrit pieds au pluriel, comme pied au singulier, et il écrit poids, bien que dans les éditions du temps, entre autres dans celle de ses Lettres, on trouve pié, piés et pois. On peut comparer à ce sujet le texte imprimé et le texte manuscrit de l’Examen de la question géostatique, où ces mots pieds et poids reviennent si souvent. (Edit. Clerselier, lettre 73, t. I, p. 327-347 ; et Bibl. Nat., fr., n. a., 5160, f. 4-10).

Ajoutons aux consonnes t et d qui disparaissent ainsi devant l’s à la fin des mots, la consonne p. Descartes la supprime dans le mot temps, qu’il a commencé par écrire tans, et qu’il a bientôt écrit tems. Il la supprime aussi dans le mot corps, non pas toujours cependant ; mais un lecteur s’étant plaint, après la publication de 1637, de l’orthographe cors qui prêtait à l’ambiguïté (était-ce le mot corps ou cornets ?), Descartes paraît avoir hésité ensuite entre les deux formes, bien que celle de cors reste longtemps la plus fréquente. Ainsi, dans l’Examen de la question géostatique (13 juillet 1638), on trouve, à la première page, deux fois corps, dont une fois dans le titre même, et cinq fois cors (f. 4 recto, l. 2 et 30, etc.) ; plus loin corps reparaît une troisième fois dans un titre (f. 7 verso, l. 17), puis une quatrième (f. 8 recto, l. 21). Dans les deux derniers autographes du même recueil, assez courts l’un et l’autre, il est vrai,