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104 Correspondance.

contentement qu'il peut leur avoir donné; et je me confole fur ce que mes écrits ne touchent, ny de prés ny de loin, la Théologie, & que je ne crois pas qu'ils y puiiïent trouver aucun prétexte pour me blâmer.

(Baillet, II, 129.)

Arnauld, depuis la publication de son livre De la fréquente communion (août 1643), n'avait cessé d'être en butte aux attaques des Jésuites. Sainte- Beuve, dans son Port-Royal, t. II, p. i85-i86 (3 e édit., 1867), cite à ce sujet le Journal de M. d'Ormesson : « Le vendredi 11 mars (1644), M. le » Chancelier (Séguier) dit que la Reine envoyoit M. Arnauld à Rome pour » rendre raison de sa doctrine au pape... Le vendredi, 18 mars, M. de » Machault me dit que l'on s'étoit assemblé au Parlement sur le fait de » M. Arnauld, pour empêcher son voyage à Rome, comme contraire aux » libertés de l'Eglise gallicane. La Sorbonne s'étoit assemblée pour cela; » mais on avoit reçu défense de rien délibérer; même ils avoient été » trouver la Reine, pour lui faire entendre la conséquence de sa résolu- » tion. La Reine leur dit qu'elle verroit ce qu'elle feroit. Cette affaire » faisoit grand bruit et partageoit les esprits. » Arnauld n'alla pas à Rome ; il écrivit une lettre d'excuse à la Reine, et se cacha successivement chez plusieurs amis, en particulier chez M. Hamelin, contrôleur des Ponts et Chaussées, lequel quitta tout exprès son quartier trop en vue, et prit maison au faubourg Saint-Marceau (ib. p., 187-188). Arnauld était encore caché, lorsque Descartes vint à Paris au mois de juillet 1644, et, ne pou- vant le visiter lui-même, lui envoya un jeune ecclésiastique de ses amis. Voir ci-après lettre CCCLI, éclaircissement.

Voici, d'ailleurs, le fait raconté par les Jansénistes :

« Durant près de vingt cinq ans (1643-1668), M. Arnauld estoit

» toujours demeuré, ou caché en divers lieux, ou comme solitaire à Port-

« Royal des Champs Les Jésuites avoient entrepris de le faire bannir

t> du Royaume sous prétexte de l'envoier à Rome; et la Reine Pegente » qui s'estoit d'abord laissé surprendre aux artifices de ses ennemis, en luy « en donnant l'ordre, ne luy avoit laissé que huit jours pour se préparer à » ce voiage. Il est vray qu'il ne le fit pas, parce que toute la France se » remua pour l'empescher,et que la Reine ayant écouté les Remontrances » qui luy furent faites sur cela par MM. les Archevêques et Evesques qui « se trouvèrent alors à Paris, par le Parlement, par la Faculté de Theo- >» logie, par la Maison de Sorbonne en particulier, et par toute l'Université » de Paris, S. M. arresta elle-mcsmc l'exécution de ses ordres. Cependant » la crainte de quelque surprise de la part de la Société, qui estoit en » fureur, l'amour de la retraite, et les divers événements qui survinrent » dans la suite, l'empescherent de quitter sa solitude. Ce ne fut qu'en

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