Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/182

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1 68 Correspondance.

noftrc corps; bien que, û nous auions la veuë aflez fubtile pour les diftinguer d'auec les autres particules du fang, nous verrions qu'elles font encore les mefmes numéro, qui compofoient auparauant le pain & le vin ; en forte que, fi nous n'auions point d'efgard a l'vnion 5 quelles ont auec lame, nous les pourions nommer pain & vin, comme deuant.

Or cette tranfîubftantiation fe fait fans miracle. Mais, a fon exemple, ie ne vois point de difficulté a penfer que tout le miracle de la tranflubflantiation, io qui fe fait au S 1 Sacrement, confifte en cequ'au lieu que les particules de ce pain & de ce vin auroient deu fe méfier auec le fang de I. C. & s'y difpofer en certaines façons particulières, afin que fon ame les informait naturellement, elle les informe, fans cela, par la force «5 des paroles de la Confecration ; et au Hou que cette ame de I. C. ne pouroit demeurer naturellement iointe auec chacune de ces particules de pain & de vin, fi ce n'eft qu'elles fuffent aflemblées auec plu- fieurs autres qui compofaflent tous les organes du 20 corps humain neceffaires a la vie, elle demeure iointe furnaturellement a chacune d'elles, encore qu'on les fepare. De cette façon, il eft aifé a entendre comment le corps de Iefus Chrift n'eft qu'vne fois en toute l'hoftie, quand elle n'eft point diuifée, & néanmoins 25 qu'il eft tout entier en chacune de fes parties, quand elle l'eft; parce que toute la matière, tant grande ou petite qu'elle foit, qui eft enfemble informée de la mefme ame humaine, eft prife pour vn corps humain tout entier. îo

Cette explication choquera fans doute d'abord ceux

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