Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/281

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i, il-». CCCXCV1I. — 4 Août 1645. 267

fante pour nous rendre contens en cete vie. Mais néanmoins pour ce que, lorfqu'elle n'eft pas efclairée j^r l'entendement, elle peut eftre faufîe, c'eft a dire que la volonté & refolution de bien faire nous peut 5 porter a des choies mauuaifes, quand nous les croyons bonnes, le contentement qui en reuient n'eft pas folide ; & pour ce qa'on oppole ordinairement cete vertu aux plaifirs, aux appétits &aux pallions, elle eft très difficile a mètre en pratique, au lieu que

10 le droit vfage de la railon, donnant vrie vraye con- noiifance du bien, empeiehe que la vertu ne foit faulTe, & mefme l'accordant auec les plaifirs licites, il en rend l' vfage ii aifé, & nous faifant connoiftre la condition de noftre nature, il borne tellement nos

i5 defirs, qu'il faut auouèr que la plus grande félicité de l'homme dépend de ce droit vfage de la raifon, & par confequent que l'eftude qui fert a l'acquérir, eft la plus vtile occupation qu'on puifté auoir, comme elle eft auiîy fans doute la plus agréable & la plus douce.

20 En fuite de quov, il me femble que Seneque euft deu nous enfeigner toutes les principales veritez, dont la connoiflance eft requife pour faciliter l'vfage de la vertu, & régler nos defirs &. nos pallions, & ainfy iouir de la béatitude naturelle ; ce qui auroit

z5 rendu fon liure le meilleur & le plus vtile qu'vn Phi- lofophe payen eujft feeu eferire. Toutefois ce n'eft icy que mon opinion, laquelle ie foumets au iuge- ment de voftre Altefte; & fi elle me fait tant de fa- ueur que de m'auertir en quoy ie manque, ie luy en

•2. après pour ce que] noftre 3 elle omis. — 4 la refolution & vertu ajouté. — alfez éclairée. — la volonté. — 18 puiife] peut.

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