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CD. — Août 1645. 279

au fuiet qu'elle traite, que tout ce que i'en ay pu lire ou méditer. Vous cognoiffe-^ trop ce que vous faites, ce que ie puis, & aue7 v trop bien examiné ce qu'ont fait des* autres, pour en pouuoir douter, quoy que, par un excès de gene- 5 rojité, vous voule^ vous rendre ignorant de l'extrême obli- gation que ie vous ay, de m'auoir donné vne occupation Ji vtile & Ji agréable, comme celle de lire & conjiderer vos lettres. Sans la dernière, ie n'aurois pas fi bien entendu ce que Seneque iuge de la béatitude, comme ie crois faire

10 maintenant. I'ay attribué l'obfcurité, qui fe trouue audit Hure, comme en la plufpart des anciens, a la faffon de s'expliquer, toute différente de la nojlre, de ce que les mefmes chofes , qui font problématiques parmy nous, pouuoient pajjer pour hypothefes entre eux; & le peu de

'5 connexion & d'ordre qu'il obferue, au dejfein de s'ac- quérir des admirateurs, en furprenant l'imagination, plujïofl que des difciples, en informant le iugement; que Seneque fe feruoit de bons mots, comme les autres de poefies & de fables, pour attirer la ieuneffe a fuiure fon

20 opinion. La faffon dont il réfute celle d'Epicure, femble appuyer ce fentiment. Il confejfe dudit philofophe : quam nos virtuti legem dicimus, eam ille dicit voluptati b . Et, vn peu deuant, il dit, au nom de fes feélateurs : ego enim nego quemquam poffe iucunûe viuere, nifi fimul

25 & honefte viuat. D'où il paroit clairement, qu'ils don- naient le nom de volupté a la ioye & fatisfaélion de l'ef- prit, que celui cy appelle confequentia fummum bo- num. Et neantmoins, dans tout le refle du Hure, il parle

i5 & omis. — 21 confdfel conferue. — 23 fes] ces.

��a. Lire les.

b. De vita beata. c. xiii.

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