Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/322

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jo8 Correspondance. i, 2930.

faux ; & ii la bienfeance empefche qu'on ne les publie, elle n'empefche pas pour cela qu'on ne les refente.

Enfin, encore qu'on n'ait pas vne fcience infinie, pour connoiftre parfaitement tous les biens dont il arriue qu'on doit faire choix dans les diuerfes ren- 5 contres de la vie, on doit, ce mefemble, fe contenter d'en auoir vne médiocre des chofes plus necefîaires, comme font celles que i'ai dénombrées en ma dernière ietre 3 .

En laquelle i'ay délia déclaré mon opinion, tou- <o chant la difficulté que voftre Alteffe propofe : fçauoir, fi ceux qui raportent tout a eux mefmes, ont plus de raifon que ceux qui fe tourmentent pour les autres. Car fi nous < ne penfions qu'a nous feuls, nous ne pourrions iouïr que des biens qui nous > b font parti- «s culiers ; au lieu que, fi nous nous conûderons comme parties de quelque autre cors, nous participons aufly aux biens qui luy font communs, fans eftre priuez pour cela d'aucun de ceux qui nous font propres. Et il n'en eft pas de mefme des maux ; car, félon la Philo- 20 fophie, le mal n'eft rien de réel, mais feulement vne priuation; & lorfque nous nous atriftons, a caufe de quelique mal qui arriue < a > nos amis, nous ne par- ticipons point pour cela au défaut dans lequel con- fifte ce mal ; & quelque triftefie ou quelque peine que z5 nous ayons en telle occafion, elle ne fçauroit eftre fi grande qu'eft la fatisfadion intérieure qui accom-

i3 après tourmentent] trop ajouté. — 25 &] mefme.

a. Voir ci-avant p. 289, 1. 6, et toute la lettre CDIII.

b. Ligne omise dans le MS.

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