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i, 3o. CDVII. — 6 Octobre 1645. 309

pagne toufiours les bonnes actions, & principalement celles qui procèdent d'vne pure affection pour autruy qu'on ne raporte point a foy mefme, c'eft a dire de la vertu chreftiene qu'on nomme charité. Ainfy on peut, 5 mefme en pleurant & prenant beaucoup de peine, auoir plus de plaifir que lorfqu'on rit & fe repofe.

Et il eft ayfé a prouuer que le plaifir de l'ame au- quel a confifte la béatitude, n'eft pas infeparable de la gayeté & de l'ayfe du cors, tant par l'exemple des

10 tragédies, qui nous plaifent d'autant plus quelles excitent en nous plus de trifteffe, que par celuy des exercices du cors, comme la chafle, le ieu de la paume & autres femblables, qui ne laillent pas d'eftre agréa- bles, encore qu'ils foient fort pénibles; & mefme on

• 5 voit que fouuent c'eft la fatigue & la peine qui en augmente le plaifir. Et la caufe du contentement que l'ame reçoit en ces exercices, confifte en ce qu'ils luy font remarquer la force, ou l'adreffe, ou quelque autre perfection du cors auquel elle eft iointe ; mais le

20 contentement qu'elle a de pleurer, en voyant repre- fenter quelque action pitoyable & funefte fur vn théâtre, vient principalement de ce qu'il luy femble qu'elle fait vne action vertueufe, ayant compaffion des affligez ; & généralement elle fe plaift a fentir

25 emouuoir en foi des paflions, de quelle nature qu'elles foient, pouruû qu'elle en demeure maiftreffe.

Mais il faut que i'examine plus particulièrement ces

4 l'on. — G & qu'on. — 7 le] ce. — 1 2 de laj de. — 24 a] de. — 25 quelle! quelque.

a. MS. : ouqud.

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