Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/326

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î 1 2 Correspondance i, 3a.

on a principalement égard : ce qui fait que plufieurs confondent le fentiment de la douleur auec la paf- fion de la trifteffe, & celuy du chatouillement auec la paffion de la ioye, laquelle ils nomment auffy volupté ou plaifir, & ceux de la foif ou de la faim auec les 5 defirs de boire ou de manger, qui font des paffions : car ordinairement les caufes qui font la douleur, agi- tent auffy les efprits, en la façon qui eft requife pour exciter la trifteffe, & celles qui font fentir quelque chatouillement, les agitent en la façon qui eft re- io quife pour exciter la ioye, & ainfy des autres.

On confond auffy quelquefois les inclinations ou habitudes qui difpofent a quelque paffion, auec la paffion mefme, ce qui eft néanmoins facile a diftin- guer. Car, par exemple, lorfqu'on dit, dans vne ville, i5 que les ennemis la vienent affieger, le premier iuge- ment, que font les habitans, du mal qui leur en peut arriuer, eft vne a&ion de leur ame, non vne paffion. Et bien que ce iugement fe rencontre femblable en plufieurs, ils n'en font pas toutefois également émeus, 20 mais les vns plus, les autres moins, félon qu'ils ont plus ou moins d'habitude ou d'inclination a la crainte. Et auant que leur ame reçoiue l'émotion, en laquelle feule confifte la paffion, il faut qu'elle face ce iuge- ment, ou bien, fans iuger, qu'elle conçoiue au moins ^ le danger, & en imprime l'image dans le cerueau (ce qui fe fait par vne autre a&ion qu'on nomme ima- giner), & que, par mefme moyen, elle détermine les

5 foif] faim. — faim] foif. — prime l'image] exprime l'idée.

6 de manger ou de boire. — — 26 et 28 pas de parenthèse.

7 les mefmes caufes. — 26 im- — 27 qui fel qu'elle.

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