Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

}i6 Correspondance. 1.34-35.

de la théologie a , vous entendiez quelque change- ment qui arriue en fes décrets a l'occafion des actions qui dépendent de noftre libre arbitre. Car la théo- logie n'admet point ce changement; & lorfqu'elle nous oblige a prier Dieu, ce n'eft pas affin que nous 5 luy enfeignions de quoy c'eft que nous auons befoin, ny affin que nous tafchions d'impetrer de luy qu'il change | quelque chofe en l'ordre eftabli de b toute éternité par fa prouidence : l'un & l'autre feroit blaf- mable ; mais c'eft feulement affin que nous obtenions »° ce qu'il a voulu de toute éternité eftre obtenu par nos prières. Et ie croy que tous les Théologiens font d'ac- cord en cecy, mefme les Arminiens c , qui femblent eftre ceux qui défèrent le plus au libre arbitre.

I'auoùe qu'il eft difficile de mefurer exactement l5 iufques ou la raifon ordonne que nous nous interef- lions pour le public d ; mais aufly n'eft ce pas vne chofe en quoy il foit necefTaire d'eftre fort exact, : il fuffit de fatisfaire a fa confcience, & on peut en cela donner beaucoup a fon inclination. Car Dieu a telle- îQ ment eftabli l'ordre des chofes,&conioint les hommes enfemble d'vne fi eftroite focieté, qu'encore que chaf- cun raportaft tout a foy mefme, & n'euft aucune cha- rité pour les autres, il ne laifferoit pas de s'employer ordinairement pour eux en tout ce qui feroit de fon a5 pouuoir, pouruû qu'il vfaft de prudence, principa-

i3 les] ceux qu'on nomme icy.

a. Page 3o3, 1. 3.

b. MS. : te.

c. MS. et Clers. : Arméniens.

d. Pape 3o3, 1. 9.

�� �