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4$o Correspondance.

son témoignage soit postérieur de plus de quarante ans au fait en ques- tion, sa lettre à l'abbé Legrand étant de 1684 à 1690 (voir notre Intro- duction, t. I, p. xlvii-xlviii).

a Elle (la Princesse Elisabeth) demeura en Hollande », dit Baillet, « jus- » qu'à la mort du sieur d'Espinay Gentil-homme François, qui avoit été n obligé de se retirer de son pais pour éviter les effets de la jalousie d'un » grand Prince qu'il servoit, au sujet d'une Demoiselle de Tours, qu'il « prétendoit épouser. Ce Gentil-homme avoit beaucoup de ces qualitez » de l'esprit et du corps, qui servent à gagner l'estime et l'affection des » autres, et il ne fut pas long-tems en Hollande sans s'attirer de nou- » velles jalousies qui le firent assassiner en plein jour à la Haye dans le n marché aux herbes par le Prince Philippe cadet de toute la maison » Palatine. Le bruit courut alors qu'une action. si noire avoit été con- » certée sur les conseils de la Princesse Elizabeth. La Reine sa mère, qui » prenoit beaucoup de part à cette affaire, en conceut tant d'horreur, que, » sans se donner la patience d'en examiner le fonds, elle chassa sa fille » avec son fils de chez elle, et ne voulut jamais les revoir de sa vie. Le » Prince Philippes se retira à Bruxelles, et s'étant attaché au service » d'Espagne, il fut tué à la bataille de Rétel, étant à la tête d'un régiment » de cavalerie. La Princesse Elizabeth se retira à Grossen, auprès de » l'Electrice douairière de Brandebourg sa parente, où elle demeura pen- » dant un tems assez considérable, ne s'occupant guéres que de la Philo- » sophie dont elle faisoit ses plus profondes méditations. Elle vivoit avec » la fille de la douairière, qui étoit la sœur du jeune Electeur de Bran- « debourg Frédéric Guillaume, et qui fut mariée depuis au Lantgrave » de Hesse-Cassel Guillaume. Durant ce séjour- elle se fit un plaisir de « former l'esprit et le coeur de cette jeune Princesse; elle l'instruisit avec » tant de succès, qu'elle en fit une personne d'un très-grand mérite» Le » mariage qui se fit ensuite entre l'Electeur de Brandebourg et la fille du » Prince d'Orange Frédéric Henry, avec laquelle notre Princesse Philo- » sbphe avoit eu d'étroites liaisons pendant tout le tèms de sa demeure à » la Haye, luy donna de fréquentes occasions d'aller à Berlin chez les n nouveaux mariez, et d'y faire d'assez longs séjours, mais toujours à la » compagnie de la douairière mère de l'Electeur. »

20 Tallemant des Réaux, dans ses Historiettes, chapitre intitulé M. d'Or- léans [Gaston), t. II, p. 287-289, 3" édit. Monmerqué et Paulin Paris (Paris, Techencr, 1854), avait déjà raconté le même fait. Or les Historiettes sont de 1657, au plus tard, et Tallemant avait pu apprendre la chose, soit à propos d'Anne de Gonzague, mariée en France depuis 1645 à un frère d'Elisabeth (voir ci-avant p. 337, éclaircissement), soit à propos de la sœur d'Elisabeth, la princesse Louise-Hollandine, réfugiée à Paris, après s'être sauvée de La Haye, le 17 décembre 1657, avec un officier français du nom de Laroque (elle abjura le 25 janvier i658, voir ci-après lettre CDXLV prolégomène). Tallemant cite d'ailleurs M"" de Longueville : précisément cette année 1646, partie de Paris le 20 juin, elle arriva à

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