Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/586

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fait toutes les expériences dont i'ay befoin pour la connoiftre exactement ; mais ie croy neantmoins pou- uoir aflurer que ce qui le rend û fluide qu'il eft, c'eft que les petites parties dont il eft compofé, font fi vnies & fi gliffantes, qu'elles ne fe peuuent aucune- 5 ment attacher l'vne à l'autre, & qu'eftant plus grofles que celles de l'eau, elles ne donnent gueres de paf- fage parmv elles à la matière fubtile que i'ay nommée le fécond élément, mais feulement à celle qui eft tres-fubtile, & que i'ay nommée le premier élément. 10 Ce qui me femble fuffire pour pouuoir rendre raifon de toutes celles de fes proprietez qui m'ont efté con- nues iufques ici : car c'eft l'abfence de cette matière du fécond élément, qui l'empefche d'eftre tranfpa- rent, & qui le rend fort froid ; I c'eft l'adiuité du pre- i5 mier élément, auec la difproportion qui eft entre fes parties & celles de l'air ou des autres corps, qui fait que fes petites goûtes fe releuent plus en rond fur vne table, que celles de l'eau; & c'eft aufli la mefme difproportion, qui eft caufe qu'il ne s'attache point à »o nos mains comme l'eau, qui a donné fuiet de penfer qu il n eft pas humide comme elle; mais il s'attache bien au plomb & à l'or, ceft pourquov on peut dire à leur égard qu'il eft humide.

I'ay bien du regret de ne pouuoir lire le liure de i5 M. d'Igby", faute d'entendre l'Anglois; ie m'en fuis fait interpréter quelque chofe; & pource que ie fuis entièrement difpofé à obeïr à la raifon, &. que ie fçav que fon efprit eft excellent, i'oferois efperer, fi i'auois l'honneur de conférer auec luv, que mes 3o

a. Voir ci-avant, p. 209, 1. 34, et Y éclaircissement.

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