Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/589

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i, .6i.i6j. CDLX. — 2) Novembre 1646. 57c

penfée. Or il efl, ce me femble, fort remarquable que la parole, eftant ainû définie, ne conuient qu'à l'homme feul. Car, bien que Montagne & Charon ayent dit qu'il y a plus de différence d'homme à 5 homme, que] d'homme à befle, il ne s'efl toutesfois iamais trouué aucune befle fi parfaite, qu'elle ait vfé de quelque figne, pour faire entendre à d'autres ani- maux quelque chofe qui n'eufl point de rapport à fes paffions ; & il n'y a point d'homme fi imparfait, qu'il

10 n'en vfe ; en forte que ceux qui font fours & muets, inuentent des fignes particuliers, par lefquels ils expriment leurs penfées. Ce qui me femble vn très- fort argument, pour prouuer que ce qui fait que les befles ne parlent point comme nous, efl qu'elles n'ont

i5 aucune penfée, & non point que les organes leur man- quent. Et on ne peut dire qu'elles parlent entr'elles, mais que nous ne les entendons pas; car, comme les chiens & quelques autres animaux nous expriment leurs paffions, ils nous exprimeroient auffi bien leurs

20 penfées, s'ils en auoient.

le fçay bien que les befles font beaucoup de chofes mieux que nous, mais ie ne m'en eftonne pas ; car cela mefme fert à prouuer qu'elles agiffent naturellement & par reffors, ainfi qu'vne horloge, laquelle monflre

25 bien mieux l'heure qu'il efl, que noflre iugement ne nous lenfeigne. Et fans doute que, lors que les hiron- delles viennent au printems, elles agiffent en cela comme des horloges. Tout ce que font les mouches à miel efl de mefme nature, & Tordre que tiennent les

3o grues en volant, & celuy qu'obferuent les finges en fe battant, s'il efl vray qu'ils en obferuent quelqu'vn,

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