Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/144

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ii8 OEuvREs DE Descartes. i5o-i5i.

prie, la foiblelïe de cette exception. Car, ou bien par ce mot de pojjible vous entendez, comme l'on fait, d'ordinaire, tout ce qui ne répugne point à la pcnfcic humaine, auquel fens il eft manifefte que la nature de Dieu, de la façon que ie l'ay décrite, eil poiïible, parce que ie n'ay rien l'upole en elle, finon ce que nous conceuons claire- ment & diftinctement luy deuoir apartenir, & ainfi ie n'ay rien fupofé 195 qui répugne à la penlee ou au concept | humain ; ou bien vous fei- gnez quelque autre pollibilité, de la part de l'objet mefme, laquelle, fi elle ne conuient auec la précédente, ne peut iamais eftre connue par l'entendement huma n; & partant elle n'a pas plus de force | pour nous obliger à nier la nature de Dieu ou fon exiltence, que pour renuerfer toutes les autres chofes qui tombent fous la connoilVance des hommes. Car, parla mefme raifon que l'on nie que la nature de Dieu elt poiïible, encore qu'il ne fe rencontre aucune impofiibilité de la part du concept ou de la penfée, mais qu'au contraire toutes les chofes qui font contenues dans ce concept de la nature diuine, foient tellement connexes entr'elles, qu'il nous femble y auoir de la contradiction à dire qu'il y en ait quelqu'vne qui n'apartiennc pas à la nature de Dieu, on poura aulTi nier qu'il foit poffible que les trois angles d'vn triangle foient égaux à deux droits, ou que celuy qui penfe actuellement exifte; & à bien plus forte raifon l'on poura nier qu'il y ait rien de vray de toutes les chofes que nous aperceuons par les fens ; & ainfi toute la connoifl'ance humaine fera renuerfée, mais ce ne fera pas auec aucune raifon ou fondement.

Et pour ce qui eft de cet argument que vous comparez avec le mien, à fçauoir : S'il n'implique point que Dieu exijfe, il ejl certain qu'il exijle; mais il n'implique point; doncques, &c., matériellement parlant il eft vray, mais formellement c'eft vn fophifme. Car, dans 196 la majeure, ce mot // implique regarde le concept de la caufe | par laquelle Dieu peut eftre, &, dans la mineure, il regarde le feul con- cept de l'exiftence & de la nature de Dieu, comme il paroift de ce que, fi on nie la majeure, il la faudra ainfi prouuer :

Si Dieu n'exifte point encore, il implique qu'il exifte, parce qu'on ne fçauroit afligner de caufe fuffifante pour le produire; mais il n'im- plique point qu'il exifte, comme il a efté accordé dans la mineure; doncques, &c.

Et fi on nie la mineure, il la faudra prouuer ainfi" : Cette chofe n'implique point, dans le concept formel de laquelle il n'y a rien qui enferme contradidion; mais dans le concept formel

a. Non à la ligne {i" édit.).

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