Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J39-240- Quatrièmes Réponses. i8ç

Mais lorfque ceux qu'vne longue acoutumance a confirmez dans cette opinion de iuger que rien ne peut eftre la caufe efficiente de foy-merme, & [ qui font foigneux de diftinguer cettç caufe de la 317 formelle, voyent que l'on demande û quelque chofe eft parfoj, il arriue ayfement que, ne portans leur efprit qu'à la feule caufe effi- ciente proprement prife, ils ne penfent pas que ce moX parfay doiue eftre entendu com\\-ï& par vue caiije, mais feulement negatiuement &l comme fans caufe ; en forte qu'ils penfent qu'il y a quelque chofe qui exifte, de laquelle on ne doit point demander pourquoy elle exifte.

Laquelle interprétation du mot par foy, fi elle eftoit receuë, nous ofteroit le moyen de pouuoir démontrer l'exiftence de Dieu par les effedts, comme il a eftc bien prouué par l'auteur des premières Objedions; c'eft pourquoy elle ne doit aucunement eftre admife.

Mais pour y répondre pertinemment, i'eftime qu'il eft neceffaire de montrer qu'entre la caufe efficiente proprement dite, & nulle caufe, il y a quelque chofe qui tient comme le milieu, à fçauoir l'eJJ'ence pojitiue d'vne chofe, à laquelle l'idée ou le concept de la caufe effi- ciente fe peut étendre en la mefme façon que nous auons couftume d'étendre en Géométrie le concept d'vne ligne circulaire, la plus grande qu'on puiffe imaginer, au concept d'vne ligne droite, ou le concept d'vn polygone reftiligne, qui a vn nombre indefiny de coftez, au concept du cercle.

Et ie ne penfe pas que i'eulfe iamais pu mieux | expliquer cela, 318 que lorfque i'ay dit que la fignification de la caufe efficiente ne doit pas eflre reflrainte en cette quefiiok à ces caufes quifont\differentes de leurs effets, ou qui les précèdent en temps; tant parce que ce ferait vne chofe friitole & inutile, piiifqu'il n'y a perfonne qui ne fçache qu'vne mefme chofe ne peut pas eflre différente de foy-mefme, ny fe pré- céder en temps, que parce que l'vne de ces deux conditions peut eflre oflée de fon concept, la notion de la caufe efficiente ne laiffant pas de demeurer toute entière.

Car, qu'il ne foit pas neceffaire qu'elle précède en temps fon effet, il eft euident, puifqu'elle n'a le nom & la nature de caufe efficiente que lorfqu'elle produit fon effet, comme il a des-ja efté dit.

Mais de ce que l'autre condition ne peut pas auffi eftre oftée, on doit feulement inférer que ce n'eft pas vne caufe efficiente propre- ment dite, ce que i'auouë; mais non pas que ce n'eft point du tout vne caufe pofitiue, qui par analogie puifl'e eftre raportée à la caufe efficiente, & cela eft feulement requis en la queftion propofée. Car par la mefme lumière naturelle, par laquelle ie conçoy que ie me Œuvres. IV. a4

�� �